Saint Benoît avait pressenti douloureusement la ruine prochaine de son monastère : l’abbaye du Mont Cassin fut, en effet, pillée et en grande partie détruite par les Lombards vers 581. Les moines se réfugièrent à Rome, près de la Basilique du Latran, et leur influence fut considérable auprès du clergé et des fidèles. L’élection au Souverain Pontificat en 590 de saint Grégoire le Grand, abbé d’un monastère romain, fut décisive pour la diffusion de la Règle et du monachisme bénédictins en Europe.
L’abbaye du Mont-Cassin
Saint Benoît donnant sa règle à l'Abbé Théobald
(miniature du Mont Cassin)
2 . L’évangélisation des peuples du nord de l’Europe
Pour évangéliser l’Angleterre, saint Grégoire envoya dans l’île, en 597, une quarantaine de moines conduits par le prieur Augustin qui deviendrait le premier évêque de Cantorbéry. Ce sont, de même, des Bénédictins anglais (saint Willibrord et saint Boniface) qui, au 8e siècle, évangéliseront à leur tour la Frise et la Germanie, alors que saint Anschaire, au 9e siècle, et saint Adalbert, au 10e siècle, auraient la mission de porter le Christ respectivement aux Scandinaves et aux Slaves.
Premiers mots de la Règle de saint Benoît
Expansion de la Règle de saint Benoît en Europe
3 . La Renaissance carolingienne (fin du 8e-9es)
Grâce à ses propres mérites et à l’appui des papes, la Règle de saint Benoît avait ainsi commencé à supplanter peu à peu les autres législations monastiques, en particulier la Règle de l’Irlandais saint Colomban. Lors de la Renaissance carolingienne et de la réforme monastique menée à bien par le moine français saint Benoît d’Aniane, elle devint, en 817, l’unique code officiel de la vie monastique occidentale.
Saint Colomban
4 . Le Moyen-Age (10e-12e s.)
Aux 10e et 11e siècles, l’Europe se couvrit de monastères grâce au rayonnement extraordinaire de l’abbaye de Cluny, fondée en Bourgogne en 910, qui fut à la tête d’une importante confédération, forte de quelque 1038 abbayes ou prieurés dont 815 en France. C’est au 12e siècle, avec saint Bernard, abbé de Clairvaux (1090-1153), que la jeune réforme bénédictine de Citeaux va s’étendre dans toute l’Europe, constituant bientôt une branche monastique vigoureuse et autonome, celle des Cisterciens.
Abbaye de Cluny
Abbaye mauriste de
Saint-Germain-des-Prés
Abbaye de Jumièges, restaurée
par les mauristes au XVIIe siècle
5 . L’apparition des congrégations (14e s.-17e s)
Après la prodigieuse explosion de ferveur monastique du Moyen-âge, les temps modernes s’ouvrirent sur un spectacle de dissolution et de décadence. Les réformes monastiques réalisées à cette époque sont à l’origine de la naissance des congrégations. L’une
des premières fut celle des Olivétains, fondée à la fin du 14e siècle.
En France, il fallut attendre le 17e siècle pour voir surgir chez les Bénédictins deux congrégations importantes, celle de St Maur, illustre par le sérieux de son observance et le succès éclatant de ses travaux littéraires et scientifiques, et celle des saints Vanne et Hydulphe, répandue en Lorraine. En 1664, l’Abbé de Rancé réformait de son côté l’abbaye cistercienne de La Trappe qui, plus tard, serait à l’origine de l’Ordre des Cisterciens de Stricte Observance ou Trappistes.
Abbé de Rancé
Abbaye de la Trappe
Dom Guéranger
Abbaye Saint-Pierre de Solesmes
6 . La Renaissance bénédictine des 19e et 20e s.
A la fin du 18e siècle, la Révolution va passer comme un ouragan destructeur sur la vieille institution monastique. Au sortir de la tourmente, l’Ordre de saint Benoît, dans les pays où il n’avait pas été complètement anéanti, se trouvait dans un état précaire. Le mouvement de Renaissance prit une ampleur inattendue grâce à l’apparition de jeunes congrégations pleines de vitalité, s’efforçant de retrouver l’antique tradition bénédictine. En France, Dom Guéranger, en 1833, restaura la vie bénédictine au Prieuré de Solesmes, qui devint, cinq ans plus tard, une abbaye à la tête de la Congrégation de France, héritière de Cluny, de St Vanne et de St Maur. De même, le Père Muard inaugura à La Pierre-qui-Vire une belle œuvre monastique.
En 1893, sous l’impulsion du Pape Léon XIII, les abbés bénédictins du monde entier décidèrent de rapprocher leurs différentes congrégations en établissant entre elles un lien spirituel, intellectuel et juridique, tout en sauvegardant leur autonomie, si chère aux fils de saint Benoît. Ce fut la naissance de la confédération bénédictine, présidée par un Abbé Primat, ayant son siège à Rome et comprenant, en 1995, 21 congrégations de moines, 40 de moniales et 37 de sœurs apostoliques. Au 20e siècle, ces congrégations ont essaimé avec succès dans les cinq continents.